mardi 1 avril 2014

Retour en 7 questions sur AUCUN LIEU Entretient avec Franck Vigroux

Si vous deviez décrire Aucun Lieu ?
Genèse, dilatation, enfer, utopie.

Quand avez-vous conçu le spectacle ?
Entre novembre 2012 et novembre 2013, en 28 journées précisément. 

Quelle a été votre source d’inspiration ?
Elles sont nombreuses Thomas More, Heiner Müller, Dylan Thomas, Kurt d’Haeseleer, Myriam Gourfink, Andrei Tarkovsky etc..

Quels instruments interviennent au cours du spectacle ? Quel genre de musique les spectateurs vont entendre ?
Un dispositif électronique avec des samplers, synthétiseurs, filtres, piano électrique. Quelque chose entre la musique «noise» et la musique contemporaine.

La musique influence la vidéo et la danse dans Aucun Lieu ?
La musique est la colonne vertébrale de la pièce elle est le premier matériau écrit.

Aucun Lieu a-t-il été joué ailleurs ? Si oui où ? Comment le public a-t-il reçu le spectacle ?
Oui à Mende, Clermont-Ferrand, Perpignan, Montpellier, Toulouse et Aurillac. Jusqu’ici l’accueil fut bon, évidemment Aucun Lieu est aussi une expérience physique, ce qui peut en surprendre plus d’un. 

Aucun Lieu est présenté dans un théâtre, qu’est ce que cela vous inspire ? 
C’est un spectacle hybride de danse, musique et vidéo destiné à être joué dans des théâtres donc c’est parfait.

Rencontre avec Aymeric Desharrières 

Saxophoniste et membre du collectif La Générale d’Expérimentation pour nous parler des vaches de Narayana, le 14 février 2014 au Consortium.

Tu pratiques le saxophone depuis quand ?
Depuis des années, parce que c’est joli. Je joue aussi d’autres trucs où on souffle dedans, du clavier et du chant dans d’autres projets.

Depuis quand fais tu partie de la Générale d’Expérimentation ?
Depuis sa création. Avec Nicolas Thirion (directeur de Why Note), on s’est d’abord croisé en tant que musiciens puis je me suis retrouvé dans cette histoire comme tous les autres musiciens de cette mouvance.

Qu’est ce que cela t’apporte de faire partie de La Générale d’Expérimentation ?
De l’ouverture sur cette musique « contemporaine ». Cela va du punk à Tom Johnson.

Justement vous avez repris cette année une composition de Tom Johnson « Les vaches de Narayana », est-ce que tu le connais ?
Je l’ai rencontré. Il est venu à Dijon il y a 2-3 ans pour Why Note. Une de ces compositions m’a beaucoup plu, une super pièce pour percussionniste avec des cloches. C’est Nicolas Thirion qui le connait très bien et qui a proposé qu’on reprenne sa création.

Ton avis sur « les vaches de Narayana » ? 
J’aime beaucoup cette pièce, le fait d’être très linéaire et de jouer tous la même chose. Le concept du calcul du nombre de vaches est  également très drôle. Au final, il y a peu de choses dans cette composition donc c’est un vrai travail sur le son, sur l’instrumentation. Je trouve ça sympa de voir comment faire sonner ce bout de phrase avec tant de personnes. C’est un son vrai.

Comment se sont passées les répétitions ?
Les répétitions étaient cool car la pièce n’est pas difficile. C’est surtout très physique et intense de souffler, pour ma part.



INTERVIEW 

| Tom Johnson, compositeur des « Alexandrins pour guitare » et des « Vaches de Narayana », jouées le 14 février dernier au Consortium.

Vos créations musicales s’inspirent beaucoup des mathématiques, peut-on vous qualifier de mathématicien ?
Non, toute ma formation est strictement musicale. J’ai essayé après 40 ans d’en apprendre davantage sur les combinaisons, mais c’était trop tard pour aller plus loin. Je reste musicien.

Comment vous est venue l’idée des «Vaches de Narayana» et des «Alexandrins pour guitare» ?
« Les Vaches » viennent d’un petit paragraphe d’un livre sur l’histoire des maths que j’ai trouvé en Allemagne. C’est une suite assez simple mais peu connue en France.
« Les Alexandrins pour guitare » sont bien connus par tous les français, mais c’était une nouvelle idée pour moi quand je suis venu vivre ici. Les phrases de 12 temps (12 et demi parfois) sont très jolies pour la musique, et pas seulement pour la poésie.
Quand et où les pièces ont-elles été créées ?
La première interprétation des « Vaches » est venue deux ans après sa composition, grâce à un trio allemand qui s’appelait Ugly Culture. La pièce « Alexandrins » a été créée par Wim Hoogewerf pour un Atelier de Création Radiophonique à France culture. 

Qui a déjà joué les vaches de Narayana ?
« Les Vaches » sont déjà interprétées au moins 10 fois dans cinq pays différents. Une version que j’aime particulièrement est Russe, joué par l’ensemble Omnibus à Tashent.
Êtes-vous fier que La Générale d’Expérimentation présente votre travail et pourquoi ?
C’est ma première expérience avec La Générale d’Expérimentation, mais Why Note a présenté Galileo et aussi Nine bells, et j’ai d’autres souvenirs très positifs de ma musique à Dijon.

Étiez-vous présent le 14 février au Consortium à Dijon ?
Je regrette beaucoup le fait de n’avoir pu être présent, parce que ma femme, Esther Ferrer, présentait son travail au MacVal le même soir. Il était difficile d’expliquer que je trouve une soirée musicale plus importante qu’une exposition de milles mètres carrés qui durera quatre mois. 

Continuez-vous de composer ? Pouvez-vous nous en toucher un mot ?
J’ai deux projets théâtraux en cours. J’écris la musique pour le nouveau spectacle de Grand Magasin appelé Inventer de nouvelles erreurs et je prépare Counting to Seven, pour sept voix parlantes avec l’Ensemble Dedalus. Mais le plus important concernant Dijon sera Pluckin pour neuf instruments de cordes pincées, qui sera créé à Dijon, à Lille, et probablement à Marseille début 2015.


MANIFESTO | Ensemble ACTEM du PESM Bourgogne


"Dans la pénombre,
Un troupeau de bêtes,
Ensemble mais tellement seuls,
S’accordent et se désaccordent,
S’attirent et se repoussent…

Nuit, obscurité, ombres, bruissements, étrangeté, inquiétude, inconnu, silence, disparition...
Instant, rupture, chant lointain, appel, guide...
Les sons errent, se cherchent, se trouvent,  se perdent…"

Pour vous, c’est quoi la musique dite contemporaine ?

Aurélia, 30 ans
«Pour moi la musique contemporaine s’oppose à la musique classique telle qu’on la connaît et propose de nouveaux concepts et formats musicaux, ce qui la rend originale »


Natacha, 26 ans
« Une musique originale avant tout, souvent expérimentale, dans des styles très différents. Et parfois un peu inaccessible ! »

Franck, 24 ans
« La musique contemporaine pour moi... Une musique actuelle, parfois expérimentale, qui peut travestir l’usage premier d’un instrument voire en créer de nouveaux à partir d’objets insolites. »

Le Berimbau de Benoît Kilian 

« Le Berimbau, ce fameux arc musical Brésilien, comment pouvais-je m’en contenter !?
J’ai reçu ce présent de ma soeur, quel bel objet, à la fois rudimentaire et très ingénieux, avec son galet pour gérer la tension de la corde à piano... J’ai donc commencé à y jouer de manière formelle mais j’ai vite rencontré le problème de l’amplification, comme souvent avec les instruments acoustiques traditionnels.
Je l’ai alors abandonné quelques années, et puis, à force de travailler les archets sur tous les matériaux que j’utilise, cet arc m’est revenu entre les mains. 
Je me suis alors posé la question de comment faire pour dépasser l’aspect acoustique du Bérimbau.
J’ai donc décidé d’utiliser des capteurs piezo*, que j’ai calé entre le bois et la corde à piano, j’y ai ensuite ajouté des pédales... J’ai continué à chercher et j’ai fini par trouver certains systèmes me permettant d’obtenir ce que j’attendais... Enfin pas tout à fait, il manquait un certain dynamisme. 

J’ai alors décidé de construire mon propre Berimbau. 

Il me fallait du Buis, un bois à la fois souple et dur, je savais où le trouver, en Ariège les berges de l’Estours en regorgent par endroit ! La quête accomplie, j’ai fabriqué ce Bérimbau de plus de 2 mètres avec une tension équivalente à celle d’une grosse caisse, par ailleurs, les graves sont malléables grâce à la tension modulable par la souplesse de l’arc. L’amplification est enfin là grâce au détournement d’outils normalement utilisés pour guitare et basse**. Le tout passe par une table sur laquelle les 2 piezos sont branchés, avec 2 lignes distinctes d’effet, pouvant entrer l’une dans l’autre.... simple et efficace. 
Archets, objets, baguettes, etc… tout est bon pour le faire sonner. La musique produite est noise, brute et très organique, les boucles sont indécelables. Ça sent le métal, et les cordes frottées en même temps…»

* Le capteur piezo permet, par l’action d’une contrainte mécanique, de polariser électriquement certains corps et réciproquement de déformer ces corps en leur appliquant un champ électrique. 
** L’amplification se fait avec un SUNN concert lead (tête pour guitare) branché sur un vieux 4 fois 12’’ Galien Kruger de basse.